Cette carte, qui comprend également un plan de la ville de Genève, reprend le périmètre du bassin du Léman entre Alpes et Jura qui avait déjà fait l'objet de nombreuses publications depuis le XVIe siècle. Une superposition du périmètre du Léman, représenté sur la "carte du lac de Genève et des pays circonvoisins" gravée par Antoine Chopy en 1730 et 1740, avec le tracé du lac tel qu'on le trouve sur une carte d'aujourd'hui montre que la forme du territoire s'approche, avec ce document, de sa figuration définitive. Comme les cartes hollandaises parues dans les Atlas du XVIIe siècle, cette carte a certes été réalisée à partir de documents préexistants, en particulier, pour le haut lac, la carte d'Isaac-Gamaliel de Rovéréa. Mais elle a surtout mis à profit les levés, faits dès 1685-1686 à partir d'observations astronomiques et de triangulations par Jean-Christophe Fatio de Duillier, une méthode garante d'une plus grande précision topographique.
Dès l’achèvement des travaux relatifs à la carte Dufour, le souhait de voir les levés publiés à leur échelle originale (soit au 1:25'000 pour le Jura, le Plateau, et le sud du Tessin et au 1:50'000 pour l’espace alpin) fut émis par des milieux scientifiques et techniques (géologie, construction de voies ferrées) mais aussi par le tout jeune Club alpin suisse (CAS, fondé en 1863). Des mesures structurelles furent prises en parallèle par le Département militaire et un bureau d’état-major fédéral fut créé sur le modèle du Dépôt de la Guerre français. Hermann Siegfried fut nommé à sa tête. En sa qualité de chef de l’état-major, l’établissement et la publication de l’Atlas topographique de la Suisse au 1:25'000/1:50'000 lui incombaient. Cet atlas reçut ultérieurement le nom de « carte Siegfried » pour lui rendre hommage.
L'Atlas topographique de la Suisse a été publié entre 1870 et 1926 et mis à jour périodiquement jusqu'en 1949.